dimanche 5 août 2012

Le désir comme l'énergie de l'image de l'action


Le désir : de l'action à son image

Le désir est un montage complexe de composants hétérogènes. Considérons une première définition, qui est canonique.

« Le désir est une tension vers un objet qui devrait apporter une satisfaction. »


L’objet - qui doit apporter une satisfaction - est très variable, car le « devrait apporter » dépend des valeurs d’une position sociale, d’une éducation, d’une expérience vécue, ou d’une expérience recommandée :

- avoir de l’argent pour acheter sans compter / jouer au Casino

- rouler en Ferrari / faire le tour du monde en bateau

- être entouré de beaux jeunes hommes / de belles jeunes femmes

- réussir un examen / recevoir la Légion d’honneur

- interpréter brillamment une partition de musique

- manger à s’en péter la panse / déguster un macaron de chez Ladurée

- planter un drapeau en haut du Mont Blanc

- respirer un air pur non pollué / courir deux heures sans s’arrêter …

Il faut remarquer que ces objets sont mobilisés dans des actions. L’argent est un objet, mais ce qui apporte la satisfaction, c’est l’action que l'argent - l’objet - permet.

Corrigeons donc la définition :

« Le désir est une tension vers une action et un objet qui devraient apporter une satisfaction. »

Comment sait-on que réaliser l’action apporte une satisfaction ? L’expérience du bébé lui a appris que téter le sein est à la fois agréable et bénéfique : sentir le corps de sa mère, apaiser la sensation de faim.

Mais rouler en Ferrari ? Pourquoi désirer rouler en Ferrari lorsque sa seule expérience est limitée aux berlines familiales sans surprises ?

L’espoir de la satisfaction du « rouler en Ferrari » est imaginaire. En fait, on importe en soi-même le témoignage de la satisfaction d’une autre personne envers la réalisation d'une action.

Remarquons que l’action qui apporte la satisfaction implique toujours la présence d’autres personnes.

Ces personnes sont en relation directe, par exemple, le professeur donne une bonne note à un élève, le Président de la République agrafe la Légion d’honneur à un sportif exceptionnel.

Ou en relation indirecte, lorsque les personnes me regardent faire, soit immédiatement, soit après coup (photo, vidéo, récit.. ). Ou à l’inverse, lorsque je regarde faire les personnes.

Concluons-en que la satisfaction désirée implique une forme de partage entre personnes. La définition évolue donc ainsi :

« Le désir est une tension vers le partage d’une action et d'un objet, où la réalisation de l'action avec l'objet devrait apporter une satisfaction. »

Venons en à la dimension énergétique du désir.

Avant d’être accomplie, l’action se caractérise par un niveau d’énergie à la fois focalisé et disponible. Focalisée, l’énergie est perturbante pour le corps et la pensée. Par exemple, en attendant de rouler en Ferrari, le pied du conducteur de berline appuiera sur la pédale de vitesse de façon excessive. Sa tête ne voudra penser qu’aux voitures italiennes haut de gamme.

Ce potentiel d’énergie sera dit disponible, car tant que l’action désirée n’est pas réalisée, l’énergie reste au même niveau de potentiel.

Quand cette énergie est utilisée pendant l’action, on peut dire qu’elle est consommée. L’énergie du désir se transforme en plaisir de la satisfaction.

Mais d’où vient cette énergie ? Nous posons comme hypothèse qu'avant d'être "énergie vers", elle est est "énergie de". Cette énergie est générée en nous par des images mettant en scène des acteurs montrant une satisfaction.

Dans l’exemple du « rouler en Ferrari », ce sera l’image de la satisfaction du pilote champion de Formule 1. Dans l’exemple du « téter le sein », ce sera l’image que le bébé se fait de la relation fusionnelle entre lui et sa maman.

Voici une nouvelle définition, donc :

« Le désir est une tension générée par l’image d’un partage d’une action et d'un objet, où la réalisation de l'action avec l'objet devrait apporter une satisfaction. »

La période d’attente avant la réalisation de l’action de satisfaction est qualifiée de « période de manque ».

La notion de manque est ambiguë. Manquer de quelque chose est-ce désirer ? Il y a installation d’une confusion entre le « manque d’une satisfaction » et le « besoin de nourriture ». Par exemple, dans Wikipédia, on trouve à la rubrique « désir » cette formulation qui me semble erronée.

"Le désir est un effort de réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque et en ce sens, on ne désire que ce dont on manque. Quand on a trouvé des objets ou des buts considérés comme une source de satisfaction, on va tendre vers eux. Le désir est tantôt considéré positivement puisque l'on considère l'objet désiré comme source de plaisir ou de contentement, voire de bonheur et tantôt considéré négativement comme une source de souffrance, une forme d'insatisfaction." 

Selon moi, loin d’être un effort de réduction, le désir est un effort d’augmentation de la tension éprouvée par le corps et l’esprit. Pour s’assurer cette augmentation de tension, le désir va se donner des images soit vraiment imaginaires, soit exceptionnelles.

Pourquoi désirer rouler en une berline familiale ? La satisfaction arrive dès que les premiers salaires arrivent. La tension n’est pas montée très haut.

Pour « faire augmenter et faire durer le désir », il est nécessaire pour le banal conducteur de rêver d’une voiture unique et de circonstances exceptionnelles dans lesquelles la société lui permettrait de piloter cette voiture.

La littérature courtoise du Moyen Age s’est constituée dans les figures prises par le rêve fait par le poète de la consommation d’une relation charnelle avec la femme du Seigneur. Bien sûr, cette consommation charnelle était impossible.

Aussi, poème après poème, le Désir du poète se déployait à la façon dont une fleur déploie ses pétales.

Cette conception du désir comme « plus haut niveau d’énergie disponible possible » suppose une propriété au corps humain : mettre en résonnance une image et de l’énergie libre, et maintenir cette résonnance.

Cette conception suppose également que le corps humain est capable de refuser la consommation de cette énergie dans la réalisation de l’image désirée.

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A propos de la sentence stoïcienne « Limite-toi aux désirs que tu peux satisfaire »

Dans la morale de la Grèce Antique, l’homme ne doit poursuivre que la satisfaction de ses besoins et non celle de ses désirs. Le seul désir acceptable serait dès lors le désir de ne pas désirer.

Les "vrais" et les "faux" besoins sont différents. Les premiers correspondant à la vérité de ce qui est réellement nécessaire pour satisfaire notre nature et les seconds à l'opinion fondée sur l'imagination. Ainsi pour Epicure avoir un abri et des amis sont des vrais besoins alors que posséder une grande richesse et être célèbre sont de faux besoins.

La différence entre vrai et faux besoin est que le premier peut être comblé alors que le second ne peut pas l'être. Une grande partie de l'éthique consiste dès lors à distinguer vrais et faux besoins pour se libérer des seconds et vivre dans la liberté pour être satisfait et heureux.


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 « Marmite est introuvable »

Le «Marmageddon» frappe la Nouvelle-Zélande: la rupture de stocks annoncée de la célèbre marque britannique Marmite inquiète la classe dirigeante et mobilise les internautes.


La Nouvelle-Zélande se mobilise… pour une pâte à tartiner! Marmite, marque britannique de pâte à tartiner à base de levures très prisée par les Anglo-Saxons, devient quasiment introuvable au «pays du long nuage blanc». Cette pénurie est due à la destruction partielle de l'unique usine de production du pays après le séisme meurtrier de 2011 à Christchurch. Les chaînes de production devraient être de nouveau opérationnelles en juillet prochain, mais, pour le moment, plus aucun pot ne sort du site néo-zélandais. De quoi provoquer une véritable crise, baptisée «Marmageddon» par les médias.

Le premier ministre néo-zélandais, John Key, a ainsi tenu à réagir à ce drame national. Il a déclaré ce matin qu'il ressentait personnellement l'impact de cette crise. «Il ne m'en reste qu'un tout petit peu dans mon bureau, et, une fois que ce sera épuisé, je sais bien que les réserves seront quasiment finies» dans le pays, a-t-il déclaré à la télévision néo-zélandaise. De son côté, Pierre Van Heerden, le directeur général de Sanitarium, le groupe qui produit Marmite en Nouvelle-Zélande (la production étant ailleurs gérée par Unilever), s'est exprimé sur la radio publique. Il a recommandé aux gourmets de se rationner: «Avec le pain de mie grillé, qui est un peu chaud, on peut l'étaler plus facilement en fine couche.» Le dirigeant affirme qu'il ne faut pas «céder à la panique», car «nous aurons de nouveau le produit à l'identique, celui que nous aimons tous».

Un buzz savamment orchestré ?

Trop tard. La ruée vers la Marmite a déjà commencé. Les Kiwis se sont rendus dans les supermarchés pour acheter les derniers pots encore en rayon. Mais tous n'ont pas pu mettre la main sur le mets tant convoité et ils se sont alors repliés sur les sites de ventes aux enchères. Trade Me, le premier site d'achat et de vente en Nouvelle-Zélande, a ainsi servi à de nombreux échanges de la fameuse pâte à tartiner. Certains vendeurs proposent des pots à plus de 100 dollars néo-zélandais (environ 62 euros), soit vingt fois le prix habituel de vente. D'autres n'hésitent pas à commercialiser des pots déjà entamés!

Et l'information a déjà fait le tour de la Toile. Le terme «Marmageddon», popularisé par la presse et par Twitter, possède son «hashtag»: précédé du signe «#», Marmageddon devient un mot clé sur le site de microblogging, et le sujet fait l'objet de nombreuses réactions. «Marmite» est même le premier sujet de conversation sur les réseaux sociaux néo-zélandais ce mardi, Twitter et Facebook. Les fans de la pâte à tartiner s'échangent leurs conseils pour faire face au fléau. Certains conseillent de se rationner pendant que d'autres disent se tourner vers son équivalent australien, la Vegemite.

De nombreux internautes ne comprennent toutefois pas l'ampleur du buzz. Un Néo-Zélandais résidant en France s'étonne sur son compte Twitter: «Les 20 derniers tweets de mes contacts néo-zélandais traitent tous de la pénurie de #Marmite. Sérieux, il ne se passe rien dans mon pays», ironise-t-il. À tel point que de nombreux internautes soupçonnent une campagne commerciale bien orchestrée.

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