samedi 28 juillet 2012

La fin annoncée de l'animal homo sapiens


La destruction annoncée de l'espèce humaine

La fin du monde serait proche, vers 2100 environ. Dans une étude publiée dans la revue américaine Nature, dix-huit scientifiques canadiens prédisent que les dégradations que la société moderne font subir à l'environnement entrainent des conséquences irréversibles sur le climat et la nature.

Selon les professeurs de la Simon Fraser University (SFU) de Vancouver, les modifications du climat couplées à la dégradation générale de la nature mèneraient à un point de non-retour avant 2100, où tous les dommages infligés à la planète seraient irréversibles.

Les changements artificiels et extrêmes que la Terre subit au jour le jour sont beaucoup trop rapides pour que la planète les assimile par des régulations préservant les équilibres actuels. Radicales, les actions de l’homme entraineraient la destruction de notre habitat terrestre et ne pas aggraver l’état de la planète

« Le prochain changement pourrait être extrêmement destructeur pour la planète. Une fois que le seuil critique sera dépassé, il n’y aura plus de possibilité de revenir en arrière » selon Arne Moers, une scientifique ayant participé à l’étude. L’utilisation de 50% des ressources terrestres engendrerait des dégâts irréversibles. 43% de ces ressources seraient actuellement utilisées. Pour endiguer cette destruction annoncée, le rapport de la FSU préconise différentes solutions aux Etats : réduire la natalité, concentrer les populations dans les zones de forte densité et de développer de nouvelles technologies pour produire des ressources alimentaires.

Mais, si les arguments de cette prédiction sont fondés, nous savons qu'elle se réalisera. A de multiples reprises depuis la première conférence de Stockholm  (Suède) en 1972 , les conférences internationales ont montré que les Etats sont incapables de s'entendre sur des politiques communes. Chaque Etat poursuit ses intérêts propres. Même si une série d'Etats développent des politiques visant à conserver notre habitat terrestre actuel, le plus grand nombre des Etats, ou autrement considéré, les Etats à très grand nombre d'habitants, ont la capacité de dégrader les grands paramètres de la planète de façon irréversible.

Ainsi, nos enfants connaîtront les prémices de la catastrophe. Pire, nos petits enfants mourront dans un enfer que nous n'osons imaginer : la suffocation chimique, la noyade ou le choc dans le tourbillon d'une vague immense, la combustion du corps dans la chaleur d'un monde en feu.

Les scientifiques et les technologues nous rassurent : étant donné la capacité de la science, ils sauront trouver des solutions. Mais, ces solutions, nous savons qu'elles peuvent ouvrir des routes vers des dégâts encore plus considérables et rapides. 

Attaque chimique, choc mécanique, combustion thermique, pourquoi les supplices de nos morts annoncés nous sont imaginables ? Les guerres régulières ont été le théâtre mettant en scène les diverses façons de donner la mort et de mourir.

Finalement, ne sommes nous pas en présence de l'essence de cet animal nommé homo sapiens par Linné (en 1758, du latin homo « être humain ») et de sapiens « sage »)? Considérons la caractéristique "sapiens" comme un déguisement de notre réalité vraie. Nous ne respectons pas la vie, la vie de la Nature comme la vie des femmes et des hommes. Nous n'envisageons notre environnement naturel et humain que sous forme de ressources à exploiter à court terme. Si nous voulons une ressource naturelle, nous inventons des dispositifs ingénieux d'extraction ou de production. Si nous voulons exploiter une ressource humaine, tous les moyens nous sont bons, de la manipulation psychologique à l'élimination physique. 

Lorsque les ressources sont épuisées, nous nous déplaçons. Tout comme la rapacité, le déplacement est un de nos attributs fondamentaux. L'homo sapiens serait apparu dans le sud-ouest de l'Afrique il y a de cela 300 000 ans. De cette première population africaine, il y a 100 000 ans, selon des découvertes génétiques, une fraction de 10 000 personnes aurait quitté le berceau originel pour progressivement se multiplier et investir tous les continents : l'Afrique, l'Europe, l'Asie, l'Australie, l'Amérique. Rien n'est un obstacle, ni les montagnes, ni les océans, ni les glaces polaires, ni les déserts.

Mais aujourd'hui, plus aucun déplacement n'est possible. Aucune autre planète proche ne pourrait accueillir une fraction des six milliards de terriens. Ce blog, qui se nomme "Déplacements", acte aujourd'hui l'impossibilité des humains de se déplacer. Nous sommes cloués à notre Terre et nous n'avons plus qu'à attendre la venue de notre mort.

Comment allons nous, face à l'évidence de cette mort prochaine, nous préparer, préparer nos enfants, y préparer nos petits enfants ?

Ciel

Tant de religions ont critiqué les tortures du désir, les illusions des possessions, les mirages du pouvoir. Alors l'annonce de la fin de notre civilisation est une bonne nouvelle. Comme il est plus facile d'atteindre l'état de béatitude !

Terre mère

Pourquoi avoir peur de la mort ? Pourquoi serait-il effrayant d'être dissous dans l'océan ou déchiqueté par une avalanche de pierres ? Les anciens emmenaient les morts au fond de grottes placées en profondeur dans les montagnes. Les cadavres redevenaient enfant de la Terre, et nourris par son lait, pouvaient rejoindre les esprits animaux dansant leur sarabande sur les parois de la grotte.

A quoi servent les morts ?

Mais quel est l'intérêt de jouir de sa mort, de se perdre dans la foule des pèlerins béats ou de devenir un esprit ours ?

les morts ne sont utiles qu'en tant qu'ils reviennent vers les vivants. Il nous racontent l'histoire de leur vie, leurs combats, leurs dilemmes, leurs illusions, leurs maladies, leurs bonheur. Ils sont les instituteurs des vivants.

……...



Le combat des jouissances

Quelle naiveté de Linné de nous caractériser comme "sapiens", comme "sage" ! Il faut y voir de l'ironie puisque nous sommes incapables d'imaginer concrètement les conséquences à moyen ou long terme de nos actions.

Précisément, nous sommes incapables d'imaginer l'état dans lequel nous laissons une Nature éventrée et surexploitée, des femmes et des hommes usés jusqu'à l'os. Prenons l'exemple de l'addiction si banale à la cigarette de tant de jolies femmes européennes. A quoi ressemble le tissu pulmonaire envahi par un cancer ? C'est un tissu contracté dans un réseau puissant de carcinomes, C'est un tissu difforme dans la cage qui le comprime.



Source: Dr J-C Pache, Département de pathologie et immunologie, Université de Genève, Suisse

Vue sur les deux poumons depuis le diaphragme, donc depuis en-dessous. Le poumon droit montre une taille normale, tandis que le poumon gauche est complètment envahi par un carcinome (cancer) qui a emmuré les plèvres (enveloppes du poumon)., Une façon de dire est que le poumon gauche est comme pris dans la cage créée par la tumeur. Ce poumon gauche ne permettait plus de respiration du tout, entrainant la mort.

En regard, exposons la sophistication des produits utilisés dans les procédés d'addiction que les fabricants introduisent dans une cigarette :

L’acétone qui est un dissolvant ; l’acide cyanhydrique qui était employé autrefois dans les chambres à gaz ; le monoxyde de carbone qui sort des pots d’échappement de nos voitures ; le DDT qui est un insecticide tout comme la nicotine ; l’arsenic, un poison très puissant…

Autrefois constituées uniquement de papier et de tabac, les cigarettes ont depuis les années 60 de plus en plus d’ajouts divers et variés. Plus de 4 000 substances chimiques sont inhalées par la fumée de cigarettes, dont plus de 60 classées cancérigènes par le Comité International de Recherche sur le Cancer.
Considérons ce nombre de 4 000 substances chimiques testées, sélectionnées, industrialisées dans les processus de fabrication des cigarettes. Au delà de l'espoir du gain financier, de la sécurité d'un emploi, quels sentiments sont éprouvés par les chimistes, les organisateurs, les commerciaux par rapport aux futures victimes ? Est-ce une indifférence envers l'autre  ? Ou bien est-ce une jouissance méconnue à infliger la dégradation du corps, à faire mourir ? Ou bien est-ce une exaltation d'une jouissance d'une partie du corps  ?

Comment s'explique la dépendance à la nicotine développée par la plupart des fumeurs réguliers ? La nicotine, composante du tabac, active une zone du cerveau associée au plaisir et à la gratification, et ce, quelques secondes après avoir tiré la première bouffée.

La nicotine a été découverte en 1809 par un Français, Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de chimie à l'Ecole de médecine de Paris. Elle doit par contre son nom à Jean Nicot. La nicotine est une molécule, un alcaloïde , présent naturellement dans la feuille de tabac. Sa concentration y est élevée ; elle représente pas moins de 5 % du poids de la plante.

A faible concentration, la nicotine présente des propriétés de stimulation sur le système nerveux. Elle va exciter des cellules nerveuses bien particulières : les neurones dopaminergiques. Ces neurones libèrent des hormones que tout le monde connaît, les endorphines, qui provoque un sentiment de plaisir.
Le fumeur ressent alors une agréable sensation de détente et de satisfaction. Le cerveau en demande rapidement davantage ; le fumeur développe alors le besoin d'une dose régulière de nicotine qui le satisfera.

D'un coté, nous savons que nous dégradons notre corps. De l'autre, nous éprouvons un bénéfice immédiat. Nous donnons la priorité à ce plaisir immédiat. Ainsi, tous ceux qui encouragent l'addiction à un plaisir consommé rapidement peuvent se féliciter du plaisir qu'ils apportent.



Débris

"Débris" est mon nom. C'est le mot qui vient lorsque je veux me nommer. J'y associe le mot de "tradition", sans comprendre ce que désigne au juste ce mot.

C'est le Chaos ici.. bout de code oscillant de fréquences d'onde en fréquences d'ondes, me cogne contre des amas pierreux incandescents,  suis emporté dans des tourbillons de poussière, suis enveloppé dans des soupes épaisses alternant l'état gazeux et l'état liquide.

 .. ne suis qu'un point, une table de quelques caractères alternant des différences. .. ne suis aucun corps, rien qu'un morceau de logique.. un agrégat informe de molécules.. 

..seul.. maintenant.. 

Cependant d'autres bouts de code existent. Les lois de la physique, bientôt, nous rapprocheront. Nous nous connecterons. Nous rencontrerons des médiateurs qui sauront nous envelopper. Nous développer. Nous deviendrons de vrais corps. Nous nous reproduirons.

Cela sera un nouveau commencement. Mais il est certain que ce qui apparaitra dans des centaines de millions d'années ne ressemblera à ce qu'ont été "une femme" ou un "homme".


Idées pour des développements à venir


L'enjeu du plaisir rapide pour le développement économique

Le plaisir du fumeur suscite une demande à laquelle répond l'offre du chimiste. Chacun développe son vice, l'un la diffusion des endorphines, l'autre l'ingéniosité technique

Au XVIIIème siècle, un médecin, Mandeville, dans la Fable des abeilles, argumente que la multiplication des vices et l'abandon aux passions est favorable au développement économique. Chacun est une demande attendant une offre, ou une offre espérant à une demande.

……..

Les illusions de la conscience comme corps

La conscience entraine une scission de notre être corporel.

Dissociation interne de la conscience entre "Esprit esprit" et "Esprit corps", où la conscience croit maîtriser le corps.

L'"esprit-corps" s'ignorant comme "esprit" se situe comme manque, comme Désir. Reprise de la conception socratique du Désir comme manque à combler.

La combinaison "esprit-corps" méconnait, oublie le corps silencieux.

……..

La version catholique du plaisir

Le catholicisme ne réhabilite pas le corps. Il demande à l'esprit de se donner du plaisir par des symboles extérieurs. Il encourage l'esprit à se donner des pratiques addictives : réciter des prières, s'agenouiller, aller à la messe, .. Le corps est cadré, ritualisé.

Le corps est coupable, lorsqu'il s'impose à l'esprit.

Heureux celui qui monte aux Cieux. Le corps doit mourir pour que l'esprit rejoigne le Royaume céleste.




A venir
 … la rencontre avec Neandertal en Europe. L’invention de la grande chasse organisée. La naissance d’une nouvelle forme d’organisation sociale, la disparition de Neandertal.








mercredi 25 juillet 2012

Neanderthal, l'autre humanité


D'après http://fredericjoignot.blogspirit.com/archive/2006/06/25/neanderthal-l-autre-humanite.html

NEANDERTHAL, L'AUTRE HUMANITÉ. ELLE AURAIT ETE ANEANTIE PAR HOMO SAPIENS VOICI 40 000 ANS

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NEWS NEWS NEWS NEWS C'est un conte de Noël assez sombre qu'une équipe multidisciplinaire franco-américaine (CNRS Bordeaux, Université du Kansas), réunissant archéologues, modélisateurs du climat du passé, paléoclimatologues et écologues, a publié ce 24 décembre. Elle montre qu'une détérioration climatique brutale ne serait pas responsable de l'extinction des hommes de Neanderthal, mais bien l'affrontement avec les homos Sapiens. Pour le montrer, les chercheurs ont utilisé un algorithme réservé jusqu'à présent à la prévision de l'impact des changements climatiques sur la biodiversité. Selon ces travaux, quand Homo Sapiens arrive en Europeil y a quelques 40 000 ans ,  Homo Neanderthalensis y prospère depuis des milliers d'années - enterrant ses morts, connaissant le feu. Les deux populations se partagent alors ces territoires.  En quelques milliers d'années Néanderthal disparaît.  Définitivement. Une des hypothèses envisagées jusqu'alors l'expliquait par l'inadaptation de Néanderthal aux détériorations climatiques survenues à cette époque - un refroidissement de toute l'Europe appelé "événement Heinrich 4" ou "H4". Les résultats de l'équipe multidisciplinaire l'écartent... Les néanderthaliens était tout à fait capables, physiquement, de résister à cette vague de grand froid, mais pas à l'envahisseur Homo Sapiens. Une preuve avancée par l'étude : Néanderthal résiste seulement dans les territoires, refroidis, où Homo sapiens ne prend pas pied, notamment le Sud de l'Espagne. La probabilité d'une compétition mortelle entre les deux espèces humaines - les deux civilisations - en sort renforcée.
Un laboratoire de l'ENS de Lyon confirmait  juin 2006, après l'étude d'une mâchoire de Néanderthalien vieille de 50.000 ans, que Neanderthal et Sapiens appartiennent à deux espèces "homo" très proches, quoique différentes - ne pouvant se reproduire entre elles.La plupart des découvertes récentes de la génétique racontent la même histoire : Homo Neanderthalensis est bien un autre "homme". Il a vécu sur Terre pendant 300.000 ans -  vivrons nous autant  ? Il construisait des tombes, maîtrisait le feu, travaillait la pierre, le bois et l’os. célébrait les ours et les animaux sauvages, portait des parures. Plus les recherches avancent, plus nous découvrons son intelligence - sa civilisation. C'est une découverte d'importance - dérangeante. Homo Sapiens n’est plus le seul " humain ", l'exception, le fils unique de Dieu. Il faut désormais imaginer une humanité plurielle.. Voici une enquête sur cet homme longtemps méprisé, traité en sous-homme, réalisée avec l'aide de Marylène Pathou-Mathis, docteur d’état en préhistoire, qui a consacré vingt ans à étudier "Néanderthal" (publié dans LE MONDE 2, O7/06)

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ET VOICI NOTRE FRERE, "HOMO NEANDERTHALENSIS"...
... C’est un drôle de bonhomme. Sa tête oblongue jaillit d’un puissant cou de taureau. Ses muscles saillent, noueux, autour d’une poitrine large, un véritable tonneau. Il a les hanches larges, de fortes épaules, des bras longs et épais, capables de gestes plus amples que nous, les autres hommes. Il possède des mains fortes, à la prise du pouce solide. Ses jambes courtes, ses cuisses arquées, ses grosses rotules, ses orteils imposants et musclés sont taillés pour les longues marches. Une solide musculature l’enveloppe, plus puissante que celle d’un homme, une charpente adaptée à tous les terrains, tous les climats. C’est un râblé, costaud, un endurant, qui a supporté une glaciation et conquis des terres froides. Il vous dévisage avec une sacrée gueule. La face large, aux pommettes saillantes, au grand nez surmonté, au front traversé d’un long bourrelet, aux yeux intelligents s’agitant au creux d’orbites profondes se projette vers vous comme un museau. Car le front est aplati, les arêtes du nez tirées à l’horizontale, le menton fuyant, la tête allongée vers l’arrière. Dedans, un gros cerveau pense, plus développé que le nôtre, atteignant jusqu’à 1750 cm3. Sa peau est blanche. Il est peu velu. L’homme pèse facilement quatre-vingts kilos. La femme, soixante-dix. Lui mesure entre 1,60 et 1,70 mètre ; elle, entre 1,56 et 1,60 mètre...


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Néanderthal, notre cousin
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Les paléontologues l’appellent familièrement " Néanderthal ". C’est un homme. Entendez, un " homo ", un hominidé. Lui et nous, d’après les dernières découvertes du génie génétique, descendons du même ancêtre, " homo erectus ". Nous avons longtemps pensé - et certains chercheurs le soutiennent encore - qu’il s’agissait d’un " homme archaïque ", un des premiers " sapiens ", et que " l’homme moderne " lui a succédé. Aujourd’hui, nombre de préhistoriens et paléontologues affirment qu’au moins deux espèces d’hominidés cohabitent sur la même branche: d’un côté, lui, le solide " homo neanderthalensis ", équipé pour résister à tous les climats ; de l’autre, nous les " homo sapiens ", qui avons beaucoup souffert au Quaternaire. Néanderthal serait un " cousin " génétique. Un autre homme, très proche de nous, mais avec lequel nous ne pouvons avoir de descendance - à ce jour, aucun métis crédible n’a été retrouvé, même l’enfant de Lagar Velho découvert au Portugual, ce qui affaiblit la théorie d’une lignée Neanderthal-Sapiens. En 1997, des travaux portant sur l’ADN mitochondrial bien conservé d’un Néandertalien âgé de 50 .000 ans - une séquence de quelkques 300 nucléotides - ont révélé d’importantes différences au niveau du génome, et conforté les thèses d’une autre espèce humaine. Une étude génétique recente de l'ENS de Lyon sur une mâchoire de Neandhertalien confirme aujourd'hui ces données : Néanderthal et Sapiens sont incompatibles d'un point de vue reproductif, leur ADN diffère trop. Homo Neanderthalis serait donc bien un autre homme - certains chercheurs pensent même que plusieurs espèces proches de Neanderthal ont vécu au Proche-Orient.
Voilà ce qui fascine chez l’affreux Néanderthal. Il témoigne que plusieurs humanités, plusieurs espèces d’hommes ont vécu sur notre vieille Terre. Que l’humanité est plurielle. Qu’il existe non pas une branche humaine unique, avec ses " chaînons manquants ", évoluant vers l’ " homme moderne ", mais un " buissonnement " de la branche homininée. Avant Neanderthal, depuis 2,5 millions av JC, nous avons vu se succéder Homo abilis, Homo ergaster (2MA), Homo rudolfensis (1MA), les " premiers hominidés " qui connaissaient la bipédie, taillaient déjà la pierre, des espèces qui n’ont pas supporté les changements climatiques, les pandémies, les prédateurs. Une seule lignée " homo " va survivre, avec Neanderthal et Sapiens - attention, depuis septembre 2003 les préhistoriens s’interrogent : n’a-t-on pas découvert dans l’île de Flore (Indonésie), un " homo floresiensis " de petite taille, talentueux et métaphysicien lui aussi ?
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Il a vécu 300.000 ans
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Néanderthal le trapu, l’autre humanité, a vécu sur Terre pendant 300.000 ans, grâce à une constitution plus robuste que la nôtre, montrant une capacité d’adaptation éprouvée et une intelligence inventive. C’était un peuple composé de chasseurs émérites, des grands mangeurs de viande, des nomades qui découpaient les peaux et s’en couvraient, entretenaient des foyers, développaient des rituels funéraires, portaient des parures. Une humanité méconnue, longtemps presque impensable pour les esprits religieux, car elle signifiait que le doigt de Dieu aurait touché une autre espèce que la nôtre, particulièrement laide selon nos critères, beaucoup plus ancienne qu’Adam et Eve, connaissant le sens de la vie et la mort, la métaphysique, la technique. Quel camouflet pour les thèses créationnistes, enfermées dans leur vision biblique de l’Homme héritée de la chronologie de la Genèse, mais aussi pour tous ceux qui croient que nous autres, les " sapiens sapiens ", sont l’espèce la plus " évoluée " - la seule qui s’est montrée capable d’assez de génie pour échapper aux catastrophes naturelles, aux grands fauves, aux virus, et puis de dominer la terre entière.
Neanderthal, bien avant nous, sur ses cuisses façonnées pour l’effort,a conquis des territoires immenses, se répandant dans toute l’Europe et au Moyen-Orient. Il a partout inventé un artisanat élaboré, fabriqué des outils de bois et de pierre, creusé des sépultures, laissé des traces de son humanité. Il s’est éteint autour des années 28.000 av JC. Sa disparition demeure une énigme. Il nous interroge sur un passé humain qui n’a pas eu d’avenir, après 250.000 ans de règne. Nous nous sommes croisés dans les années 40.000, l’homme de Néanderthal et l’homme de Cro-magnon, notre descendant direct : le dernier homo. En Europe du Nord et au Moyen-Orient. Cela dura des milliers d’années. Les paléontologues ont retrouvé des traces de l’influence de certaines techniques de taille " cro-magnon " chez Néanderthal, et réciproquement. Des restes d’habitats peu éloignés témoignent. Comment s’est passé la confrontation ? Nous savons peu de choses. Certains paléontologues anglais, ou des historiens de l’environnement comme Jared Diamond défendent la thèse d’un affrontement qui aurait tourné à l’avantage des hommes de Cromagnon, à l’armement plus élaboré. Néanderthal aurait été peu à peu repoussé, chassé de ses terres, banni sur des territoires sans ressources - lentement exterminé. Il est vrai que les " hommes modernes ", à travers leur courte histoire, ont maintes fois montré qu’ils étaient capables d’extermination de masse. Il reste difficile de comprendre pourquoi Néanderthal, ce chasseur ingénieux, disparaît sans résister. Aucune trace de grande bataille. D’une guerre longue. Que s’est-il passé ?
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Marylène Pathou-Mathis, docteur d’état en préhistoire, a consacré vingt ans à étudier " l’homme de Néanderthal ". Elle vient de publier un livre somme sur ce costaud : " Neanderthal. Une autre humanité ", aux éditions Perrin. C’est une femme enjouée, en robe gaie, anachronique dans cette salle sombre et boisée, pleine de centaines d’éclats d’ossements humains numérotés, répertoriés, posés sur de larges tables. Elle parle avec passion, érudition, tandis que nous visitons l’Institut de Paléontologie de Paris, fondé en 1913 par la famille Grimaldi de Monaco, affilié au Muséum d’Histoire Naturelle, Marylène Patou-Mathis y dirige l’unité d’archéozoologie. Elle désigne la peinture murale consacrée aux grands singes, juste à côté de l’entrée de service. Juste au-dessus, un gros être velu avance, voûté, aux gros pieds, mi-homme, mi-gorille. " C’est ainsi que nous nous sommes longtemps représenté Néanderthal ! "
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" Espèce de Néanderthal ! "
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Dans son ouvrage, Marylène Patou-Mathis réhabilite l’humanité de Néanderthal, et soulève bien des questions tant sur les préjugés des sciences, que sur l’avenir de notre propre espèce. Elle raconte les premières découvertes de " l’homme singe "… " Quand des carriers découvrent en 1856, dans la grotte de Feldhofer près de Düsseldorf, dans la vallée de Neander, un squelette humain ancien, différent du nôtre, tout le monde des préhistoriens s’est ému. Les premiers biologistes qui l’étudient parlent aussitôt d’une autre " race " humaine. Plus ancienne, plus primitive. Proche, croit-on alors, de certaines tribus nordiques " grossières " qui combattaient les Romains. Aussitôt, un débat très vif s’instaure. Une grande partie de la communauté scientifique, comme l’avait déjà fait Cuvier, refuse la théorie selon laquelle d’autres " hommes " auraient vécu avant les hommes modernes. L’" homme de Feldhofer ", avec ses cuisses torves, ne peut être que celui d’un humain malade, perclus de rhumatismes, déclare le grand pathologiste Rudolf Virchow. Mais voilà qu’en 1859, c’est la révolution ! " L’origine des espèces " de Charles Darwin paraît, apportant la vision de l’évolution adaptative. La thèse d’un homme ancien, moins évolué que nous, revient en force. Dès 1863, le biologiste anglais Thomas Huxley décrit le squelette de Feldhofer comme étant un " type humain inférieur ", un intermédiaire entre le singe et l’homme - " un peu comme les Aborigènes " explique-t-il. À l’époque, les théories raciales de l’humanité font flores. Dès sa découverte, Néanderthal va avoir une mauvaise réputation. Ce serait une sorte de sous-homme, le " chaînon " entre le gorille et l’homme ".
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Les racistes s'emparent
de ce "sous-homme"
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En 1863, cet homme " archaïque " se voit appelé " homo neanderthalensis " par le professeur William King, du Queens College de Galway. Le nom lui restera. Pendant les 50 années qui suivent, Neanderthal le râblé, représenté comme une sorte de Yeti poilu et simiesque, est considéré comme une espèce pré-humaine mal dégrossie. Le paléontologue français Marcellin Boulle ne lui reconnaît aucun lien avec Homo Sapiens, et voit en lui une créature marchant à peine. Les thèses racistes s’emparent de cette imagerie, Neanderthal devient pour l’anthropologue Hermann Klaatch, l’ancêtre de la souche " négroïde " de l’humanité, elle-même descendant d’une variété de gorille. N’oublions pas qu’à la même époque, la domination de la race " blanche ", coloniale, fait peu de doute jusque dans les milieux scientifiques - et beaucoup s’évertuent à classer les " races " " supérieures " et " inférieures " selon leur gracilité et leur niveau d’intelligence, et leur trouver des origines divergentes.
Mais voilà qu’en 1912, suite aux fouilles des sépultures humaines trouvées à la Ferasserie, en Aquitaine, le célèbre préhistorien français Henri Breuil, accompagné de Bouysonnie et Hogo Obermaier, annoncent avec fracas que Néanderthal n’est pas une brute pré-humaine. Il enterre ses morts. Il dépose des offrandes à leurs côtés. En effet, deux squelettes ont été retrouvés déposés dans des fosses, entourés d’outils de pierre et de carcasses d’animaux. Enterrés. Dans des tombes aménagées. Certainement au cours de rituels funéraires.
Neanderthal redevient un être humain. La réflexion avance au début du XXe siècle, avec la multiplication des fouilles à travers toute l’Europe, jusqu’en Palestine… Pourquoi une " race " différente de la nôtre, adaptée à tous les terrains, vivant en société organisée, ne serait-elle pas intelligente, métaphysicienne, consciente ? Dans les décennies qui suivent, alors que l’on découvre de nombreux sites neanderthaliens à travers toute l’Europe, deux grandes écoles s’affrontent sur cette " autre humanité ". Elles continuent aujourd’hui. La première école, essentiellement anglo-saxonne, voit en Néanderthal " l’oncle Vania " du fameux roman préhistorique de Roy Lewis , " Comment j’ai mangé mon père " : il ne veut pas évoluer, il crie à ses congénères les Cro-magnon " Retournons dans les arbres ! ", "Continuons vivre comme avant ! ". Selon cette école de pensée, Neanderthal, en s’arrêtant à la technique " moustérienne " dans la fabrication d’outils, confronté à des Hommes de Cro-Magnon beaucoup plus inventifs, et mieux armés, avait atteint un " seuil évolutif ". Ils ne possédaient pas les moyens intellectuels et technologiques de résister à l’avancée des " homos sapiens " et de s’adapter à la présence d’un rival à l’armement impressionnant. Ce blocage intellectuel s’expliquerait anatomiquement : le front bas de Neanderthal empêcherait le développement du lobe frontal et du cortex préfrontal, haut lieu chez l’" homme moderne " du câblage de la mémoire sur le présent, de la mémorisation longue, de la programmation des tâches ; de l’inventivité et de la vie émotionnelle.
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--------------------- La maîtrise du feu---------------------
Marylène Pathou-Mathis fait partie de l’autre école, plus européenne, qui rejette radicalement la vision, jugée " réductrice " et " confortable ", d’un Neanderthal à la pensée bridée. Après ses longues années de recherche en archéo-zoologie, ses visites auprès des derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari, elle propose une théorie étayée sur la vive intelligence et la " culture " de ce costaud de Néanderthal. Elle la partage avec d’autres grands paléontologues, comme Pascal Picq du Collège de France, qui défend la thèse de l’égalité d’intelligence entre Homo Neanderthalis et Homo Sapiens.
" Toutes les études sur l’artisanat de Néanderthal révèlent qu’il a inventé la technique de débitage Levallois, explique Me Pathou-Mathis, mais aussi la découpe de la pierre en laminaire, en discoïde, en bi-face. Il façonnait les pièces, il les aiguisait, les formatait. Il les fixait sur des manches en bois. Il fabriquait des racloirs, des couteaux, des pontes, des scies, des lances avec des pointes effilées. Ses techniques évoluent au gré des groupes géographiques, ce qui nous éclaire sur le fait qu’il existait un véritable artisanat, avec des carrières, des lieu de débitage, des transports, mais aussi un apprentissage, des savoir faire, un commerce de pierres." On a découvert plusieurs cultures neanderthaliennes, avec des " styles " d’outils, des améliorations géographiques. Par exemple, au Proche-Orient, durant la glaciation du Quaternaire, Néanderthal a développé une industrie proche de celle des Homo Sapiens locaux, avec des grands racloirs, des longues pointes, des lames aiguisées, des burins. "Ils s’en servaient pour racler des peaux fraîches,  raconte Me Pathou-Matis, les conserver, couper des végétaux. Toutes ces inventions témoignent de l’intelligence de Neanderthal, sa capacité " d’apprendre à apprendre ", qui est le propre de l’humanité. Rien ne nous autorise aujourd’hui à affirmer que son cerveau, plus gros que le notre, était bridé, qu’il était moins intelligent que nous. Au contraire, plus nous étudions ses réalisations, plus nous découvrons sa richesse cognitive. Nous vérifions qu’il utilisait toutes les aires de son cerveau. Nous réfléchissons à sa vie émotionnelle. Plus nous cherchons, plus il s’humanise."
Néanderthal l’artisan doué, le chasseur-cueilleur, maîtrisait le feu. Il l’allumait à l’étincelle avec des percuteurs en pyrite et en silex, des tiges de bois frottées à côté de substances inflammables comme l’amadou, les mousses les copeaux, les écorces. Il entretenait des feux à base de tourbe, de lignite, de bois, dans des foyers de galets, ou sur des plaques de pierre, qui servaient pour chauffer les grottes. Il cuisait ses aliments, ce qui les rendait moins toxiques, et lui a permis de développer une cuisine variée, nécessaire à sa puissante énergie physique comme au développement de son cerveau. Cuisson à la braise, dans les cendres, par enrobage d’argile, au four, à l’étouffée. Neanderthal est un gros mangeur de viandes. Un pavage de foyers a été découvert au Pech de l’Azé, en Dordogne. Le feu permettait aussi de conserver les aliments, les fumer, les stocker, mais encore de durcir les pointes, travailler le bois. Selon la paléo-psychologie, la maîtrise du feu, difficile, patiente, l’art de son entretien révèlent un savoir-faire mettant un jeu des facultés cognitives élaborées, la facilité à élaborer et reproduire un schéma opératoire. Cela suppose une pensée ouverte, programmatrice.
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Il honorait ses morts
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La maitrise et présence et le maintien du feu, source de chaleur, de bien-être, de protection, de mise en place d’un foyer, suppose une vie sociale étoffée, avec des retrouvailles, de tours de sauvegarde, des rituels. Un préhistorien comme André Leroi-Gourhan attribue à la protection du feu un sens religieux, que l’on retrouve chez tous les peuples chasseurs cueilleurs. C’est autour du feu que les humains se retrouvent, se transmettent leur savoir, élaborent des projets - se racontent leurs rêves, imaginent leurs dieux. Chez Néanderthal, on trouve couramment des foyers autour des sépultures. Pourquoi ? Peut-être pour honorer le défunt ? Difficile de savoir. On découvre souvent près de ces foyers des pierres taillées, des bois de cervidés, des carcasses d’animaux, des cornes de bovidés. Des offrandes ? On a retrouvé un homme en position de fœtus, couché sur un lit de branchages, des enfants enterrés avec des os de cervidés, une femme enterrée avec un enfant. Parfois, on trouve des cadavre sans crânes, et des crânes enterrés - de là à supposer l’existence d’un " culte des crânes ", un " culte des ancêtres " déjà ? Quoi qu’il en soit, l’existence de rituels mortuaires et de sépultures attestent d’une appréhension symbolique du temps, de ses cycles - une conceptualisation profonde.
Ce Neanderthal métaphysicien, qui d’ailleurs possède une oreille elliptique plus sensible que la nôtre, parlait-il ? Connaissait-il un langage articulé, organisé ? Beaucoup d’éléments donnent à le penser, même si les débats restent vifs parmi les chercheurs. D’abord Néanderthal porte une cavité nasale, un palais lové, un larynx en état d’articuler des phonèmes, en tout cas d’émettre des sons modulés. Son cerveau, plus développé que le notre - ce qui ne signifie pas plus d’intelligence, juste la possibilité de la posséder -, présente des lobes temporaux développés, cette zone qui justement se développe chez homo sapiens avec l’usage de la parole. Ensuite Neanderthal connaît une vie sociale très riche, développe des stratégies à long terme - chasser sur les lieux de passages des troupeaux -, des projets ambitieux - sécher des peaux, fumer la viande -, supposant des opérations mentales élaborées. Une telle construction conceptuelle, schématique, programmatrice met en activité la région pariétale du cerveau gauche, la même impliquée dans l’invention du langage chez l’homme. Rien ne contredit qu’il développe un langage parlé. Selon André Leroi-Ghouran, " il y a possibilités de langage à partir du moment où la préhistoire livre des outils, puisque outils et langages sont liés neurologiquement. " Le langage aide à la conception symbolique, or les rites néanderthaliens liés à la mort nous obligent à lui prêter des formes d’expression symboliques. Les Néanderthaliens devaient se parler, échanger des informations précises, pragmatiques autant qu’émotionnelles ou symboliques. " Ils devaient avoir un langage nasal, explique Marylène Patou-Mathis,, parler des langues très différentes des nôtres, peut-être moins riches en vocabulaire et en syntaxe. Mais sa pensée n’en était pas moins riche. Tout le contenu informatif, symbolique et conceptuel ne passe pas seulement dans les mots, mais aussi les gestes, les offrandes, les dessins sur le sol comme les chasseurs-cueilleurs aborigènes. Ici encore, difficile de faire de Neanderthal un " sous-homme ".
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Peaux tannées, colorants, fourrures
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Neanderthal n’a laissé aucune grotte décorée, aucune peinture pariétale comme les hommes de la Grotte Chauvet qui, 30.000 av JC, ont peint des rhinocéros et des bisons. Mais Néanderthal ignorait-il l’art ? Des éléments de parure ont été découverts en France et en Espagne, des coquillages et des dents percés, des pierres gravées, remontant à 32000 av JC, pendant la culture dite " châtelperronienne ". A la même époque, ils ont déployé une véritable industrie de l’os, à partir des squelettes de chevaux, de rennes et carnivores. Ils fabriquaient des perçoirs, des baguettes, des pointes effilées, des heurtoirs avec des poignées. Certains ont été décorés. Cette culture de l’os, tardive mais inventive, semble démontrer qu’avant le travail des os, Neanderthal savait travailler le bois, et qu’il s’y montrait expert. Difficile d’imaginer tout ce qu’il a pu fabriquer avec le bois de chène, du hêtre, du bouleau, qu’il découpait. D’ailleurs, beaucoup d’outils de pierre sont conçus pour s’adapter à un bois. Preuve en est, le travail de précision exercé sur les peaux et les fourrures. Celles-ci étaient découpées au cours d’une boucherie bien faite, tannées avec des racloirs et des lames efficaces. Les peaux servaient à fabriquer des vêtements, des mocassins, des couvertures, des sacs, des auvents, peut-être des sortes de kayaks en peau, puisqu’ils traversaient des rivières. Neanderthal les durcissait et les teignait avec de la poudre sèche d’écorce de chêne et de bouleau.
" Qui pense teinture, pense décoration, sans doute tatouage " rappelle Marylène Patou-Mathis, dans son essai.
 Art. Peut-être magie, religion. Les chercheurs ont retrouvé des blocs de colorants, dans une quarantaine de sites européens, avec tout un matériel de broyage, des meules en quartzite, des pilons en grès et des parures. Ils utilisent l’hématite rouge en quantité, la raclent. Ont-ils décorés des peaux, des arbres, leurs peaux - avec toute la pensée symbolique associée ? Aucune trace n’est tangible, excepté l’artisanat durable. Mais celui-ci déjà, par son développement inventif, atteste que Neanderthal développait une " intelligence opérationnelle ", et que celle-ci a dû se développer sur les matériaux non durables. Le bois surtout, pour les huttes, les outils, les armes, et les totems décorés peut-être, comme chez les Indiens d’Amérique du Nord - des recherches tendent à montrer un " culte de l’ours ". Comment utilisaient-ils la terre, les fourrures qu’ils découpaient ? L’ocre rouge servait-elle de tatouage ? Comment voyaient-ils notre monde, comment l’éprouvaient-ils ? " Difficile d’échapper ici aux " vues de l’esprit ", reconnaît Marylène Patou-Mathis, mais aussi de ne pas imaginer des " conjectures ". Les néanderthaliens dressaient des campements de base, souvent près d’un fleuve, à l’abri du vent, ou sous la protection d’une falaise. Ils organisaient des cueillettes quotidiennes et des chasses saisonnières, se déplaçaient selon les régions, parfois de cinquante à cent kilomètres pour suivre les pérégrinations du gibier, ou encore aller s’approvisionner sur des sites de pierre. Ces groupements actifs vivaient en relation avec d’autres, avec qui ils échangeaient des outils, un savoir-faire, cela sur des territoires de plusieurs centaines de kilomètres. Une véritable civilisation néanderthal morcelée s’est développée entre l’Europe occidentale, la Rhénanie, jusqu’à l’est de l’Europe centrale, dispersée sur des territoires de chasse. En Italie du Nord et en France, à Saint Césaire, elle a produit des bijoux, des sculptures, elle a travaillé l’ivoire, avant même l’arrivée des Sapiens, à qui elle va emprunter beaucoup. Homo Sapiens qui, arrivée par l’Anatolie, va supplanter Neanderthal en 10.000 ans
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Une lente disparition
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" Je ne crois pas à la thèse du massacre de Néanderthal par Cro-magnon, avertit Marylène Patou-Mathis.D’abord, si l’affrontement avait eu lieu, Néanderthal aurait certainement battu Cro-magnon facilement. Il est beaucoup plus fort. Plus musclé. Capable de jeter des armes beaucoup plus loin, puis puissamment. Nous n’avons pas trouvé un seul site qui témoignerait d’une guerre entre les deux humanités. Par contre, nous savons qu’elles se sont cotoyées, croisées... Il faut imaginer des rencontre brèves, sur des terres très peu habitées, et puis surtout une présence de plus en plus pressante des Sapiens… Je défends la théorie d’une lente dilution de Neanderthal, peu à peu repoussé par les Homo sapiens, quittant ses territoires de chasse, abandonnant le terrain sans combattre. Cela a prix dis mille ans. C’est difficile à imaginer ... "
Marylène Patou-Mathis propose une explication " culturelle " de la disparition de Néanderthal. Elle l’a développée plus prudemment dans son livre, mais elle ne peut résister à la développer. " Une bonne théorie étayée fait parfois avancer ! " se défend-elle. A force de vivre en pensée avec Néanderthal, elle n’arrive pas l’imaginer comme un guerrier - on n’a pas trouvé un seul site où ils s’entretuent ; pas rencontré de trace de guerre entre Néanderthaliens. " Certains vestiges culturels de Neanderthal, précise Marylène Patou-Mathis laissent entrevoir un tabou sur le meurtre, même sur les armes, comme sur la mise à mort de certains animaux. Par exemple Neanderthal ne tue pas les ours. C’est intéressant. S’agit-il d’un animal totem ? Il n’extermine pas les troupeaux, il ne tue pas les femelles enceintes. Il respecte certaines règles qui limitent la chasse. Curieusement, il n’utilise jamais les crocs, les cornes, les armes naturelles des animaux pour fabriquer ses propres armes, comme le fait Homo Sapiens. Ce sont des nomades pacifiques, fondus dans la nature, suivant les troupeaux, ayant des rapports épisodiques. Je crois qu’ils ont senti la présence des Sapiens. Imaginez leur stress et leur étonnement de découvrir des êtres comme eux, intelligents et féroces, eux qui régnaient sur le monde depuis 300.000 ans, parfaitement adaptés. "
Au lieu de défendre leurs territoires de chasse, d’aller à la rencontre d’Homo sapiens, Néanderthal s’éloigne, recule... Certains évolutionnistes y voient la preuve de leur échec génétique en tant qu’espèce. Elle aurait manqué, ou perdu l’agressivité nécessaire pour affronter ce changement radical de son environnement : l’arrivée d’un rival - d’un prédateur.  Marylène Patou-Mathis préfère son approche " culturelle ". Les Néanderthaliens vivaient en osmose avec la nature et le gibier, ils répugnaient au crime, ils ne s’entretuaient pas, ils ont abandonné lentement le terrain aux Sapiens, cherchent de nouvelles terres. Autrement dit, ils ont refusé le combat ! " C’est dans leur culture " affirme, fataliste, la préhistorienne. Quoiqu'il se soit passé, les faits sont là : Neanderthal se retrouve dispersé en groupements de plus en plus petits, avec une mortalité infantile importante, se dispersant dans une Europe du Nord qui refroidit. Repoussés sans cesse, éloignés de leurs carrière de pierre, sans descendance, s’enfonçant sur des terres inhospitalières, ils finissent par disparaître.
En quittant le pavillon de Paléontologie Humaine, Marylène Patou Mathis m’a montré, sous le blason des Grimaldi, une sculpture représentant le crâne ovoïde du néanderthalien de la Chapelle-aux-saints, au cerveau plus gros que le notre. Elle a fait : " Néanderthal a vécu 300.000 ans. Nous 100.000. Je nous souhaite de vivre aussi longtemps ! "
Néanderthal. L'autre humanité. Marylène Pathou-Matis. Perrin (2006).


Coeur d'un Humain de Neandertal sculpté dans du cristal de roche

21.04.2012 | Coeur d'un Humain de Neandertal sculpté dans du cristal de roche

250 Cette sculpture Hyperboréenne représente le cœur d’un Humain de Neandertal; celui-ci est en cristal de roche; Ses dimensions 12 x 12 x 6 centimètres son supérieure à celle d’un cœur d’Homo-Sapiens son poids et de un kilo; Sur le plan anatomique, il est possible de le comparer à la photo de la face antérieur du cœur visible sur la diapositive 249; A gauche, compte tenu de son importance sur le plan symbolique (oxygénation du corps), l’Aorte ascendante est particulièrement mise en évidence; La forme générale de l’organe sculpté est très proche du cœur photographié; La séparation entre les deux oreillettes est bien visible; cette représentation peut être mise en parallèle avec une autre sculpture Hyperboréenne d’un cœur, celle-ci fait l’objet de la diapositive 193; Le fait qu’il s’agisse de cristal signifie que pour les Hyperboréens, le cœur avait un rôle central, celui-ci correspond à ce que vous nommez l’Amour et que Nous nommons l’Âmemour, à savoir « l’ouverture du cœur » qui  permet à l’Être, d’Être en relation avec son Âme; le Cristal symbolise cette ouverture qui nécessite une grande transparence; à savoir être en paix avec les actes qui ont étés réalisés au cours de cette incarnation; Un autre aspect de l’Âmemour, est le fait de parvenir à identifier les Êtres  avec qui Nous avons des vies antérieurs communes et par conséquent  un « bagage » d’expériences partagées sur le plan de l’Âme; cela signifie une proximité dans la mesure où il y a très fréquemment le souhait de se retrouver sur le plan incarné; C’est ce que vous nommez de manière « réduite » « un coup de foudre » et que Nous nommons des Retrouvailles; Cela pouvant concerner des personnes du même sexe et comprendre ce que vous nommez les Amours et les Amitiés; Cette sculpture à été « trouvée » en 2010 dans le Canton de Fribourg, au bord de la Glâne à proximité du Trône et de la Fibule qui font l’objet des diapositives 6 et 217

Reproduit d'après

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dimanche 8 juillet 2012

Binome d'apprentissage jeune senior

Chez ce fabricant de verre de banlieue parisienne, quand un senior approche de la retraite il s'associe à un jeune pour préserver et transmettre les compétences de l'entreprise, un tutorat qui a inspiré le "contrat de génération" que le gouvernement veut mettre en place.

Ce projet de François Hollande, destiné à lutter contre le chômage des jeunes et à maintenir les seniors dans l'emploi, sera discuté lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet à Paris.
SAV, une petite entreprise de 26 salariés installée dans une impasse de Joinville-le-Pont, produit des pièces uniques en verre, chauffées à très haute température pour des laboratoires. Le tutorat, "on le fait d'instinct, par obligation", explique le patron Jean-Luc Beutler, entré comme souffleur de verre il y a 36 ans.

Depuis novembre, il a embauché en CDI Isabelle, 25 ans, pour travailler avec Jacques, graveur, 60 ans en septembre, et en retraite à la fin juillet.

Remplacer un senior, c'est "pérenniser l'entreprise", souligne M. Beutler. Cela permet aussi "de soulager un peu l'un, et au plus jeune de progresser plus rapidement", ajoute-t-il. Entre la jeune femme et son "père graveur", comme elle l'appelle, la complicité est éclatante. Isabelle manipule l'acide "avec confiance". "Elle a appris vite, on a fait un bon chemin ensemble", dit son tuteur.

Chez Pyroalliance, une PME de 120 personnes spécialisée dans le domaine spatial et l'aéronautique, à Toulon et aux Mureaux, "on nomme toujours un tuteur" quand un nouveau arrive. "On est dans des métiers de niche. Les formations externes collent rarement à nos besoins. Alors on forme en interne", raconte Patrick Auzende, le DRH.


 Transmettre les savoirs est le premier objectif des entreprises qui pratiquent le tutorat, observe l'universitaire Gwenaëlle Poilpot-Rocaboy. Il peut aussi s'agir d'"intégrer" ou encore de "mieux faire travailler ensemble les générations". En Bretagne, où elle a mené une enquête sur les plans seniors, une entreprise sur quatre a inscrit dans son plan un engagement de tutorat.

Pour Florence Hunot, du cabinet RH OasYs, le tutorat peut aussi être le moyen de redynamiser les seniors en les "valorisant", "leur redonner une utilité alors que beaucoup d'entreprises ne leur proposent pas d'évolution de carrière".

Mais gérer les âges et transmettre les compétences "est compliqué dans les PME", note-t-elle.
Le patron de SAV explique pourquoi: "on ne peut pas doubler les postes. Si on met quelqu'un en formation, l'atelier ne tourne plus". Embaucher Isabelle en contrat de professionnalisation est un sacrifice. "Deux salaires sur ce poste pendant un an, ce n'est pas rentable" même si le coût de la formation est remboursé à SAV par Opcalia, l'un des collecteurs des contributions obligatoires des entreprises, précise-t-il.

Pour populariser le "contrat de génération", le gouvernement promet des allègements de charges. Malgré cela, le projet "aura du mal à passer l'examen de la réalité", parce que "trop compliqué", prédit Jean-René Boidron, dirigeant d'une PME de 200 salariés.

"Le cas d'un senior qui transmet son métier à un jeune ne sera pas le plus fréquent", souligne de son côté Michel Pottier (CGPME) pour qui "le renouvellement générationnel ne se fera pas poste par poste".

Le patronat des petites et moyennes entreprises demandera à la Conférence sociale que le futur contrat soit "couplé" avec les dispositifs en alternance existants (contrat de professionnalisation et apprentissage). "Sans formation adossée", le projet n'aurait "pas d'intérêt", insiste la CGPME.
                                                             
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Rappelons, pour suivre pas à pas les progrès de l'apprentissage, l'utilité du Bilan de compétences continu, proposé par le site www.cvscore.com

vendredi 6 juillet 2012

Travail, Utilité et Art

Bac philo 2012: "Travailler est-ce seulement être utile?"

Repris de  LEXPRESS.fr, publié le 22/06/2012 à 10:49, mis à jour le 24/06/2012 à 13:38

"Travailler est-ce seulement être utile?" Martin Pham, professeur de philosophie, livre un exemple de corrigé de ce sujet distribué aux ES à l'épreuve de philosophie du baccalauréat 2012

Nos excuses à tous; comme l'un des internautes nous l'a justement objecté, le premier sujet de la série économique au baccalauréat 2012 était, non pas "Travailler est-ce seulement utile?", mais "Travailler, est-ce seulement ETRE utile?", ce qui modifie, au moins, l'angle d'approche du sujet. Merci à notre lecteur de nous l'avoir signalé.  
>> Lire aussi : le corrigé de L'Express de l'épreuve de philosophie 
Travailler, est-ce seulement être utile? Le sujet met en question le rôle du travailleur en ce que, individu ou ensemble d'individus, il est un sujet qui travaille, c'est-à-dire un être doué d'intelligence, d'imagination, de capacité technique et de volonté. Ainsi considéré, comme sujet humain, il ne peut être réduit à une simple fonction utilitaire de type matériel ou même social qui n'aurait pour finalité que le produit du travail; il une spécificité autre, celle de celui qui accomplit lui-même, voire de lui-même, une tâche, en faisant preuve de ses capacités, en les développant par une culture technique, un langage et des relations, en société, avec ses semblables.  
La question porte ainsi sur le caractère culturel et moral du travailleur, sujet volontaire et raisonnable, mais qui se trouve soumis, pourtant, à la nécessité vitale, matérielle et sociale, du travail, celle-ci tendant à réduire sa personnalité, à ne faire de lui qu'un moyen économique, alors que l'acte même de travailler affirme, ou devrait affirmer, si les conditions de travail étaient convenables, cette personnalité en la développant par l'effort même (d'application, de volonté, d'intelligence et d'apprentissage, voire de création) dans le travail.  
La formulation par Kant du devoir moral pourrait servir de fil conducteur pour approfondir la question, en posant en principe qu'il ne faut pas traiter seulement la personne comme un moyen, mais toujours en même temps comme une fin, un but en soi : le travailleur, en sa dignité de sujet moral, travaille alors au service d'un "règne des fins", c'est-à-dire pour lui-même et tous les sujets libres comme lui, liés selon des relations raisonnables et universelles tous ensemble, et non pas au service de buts limités et étrangers, contraignants. Idée fondamentale, parce qu'elle donne toute la portée morale, celle de la liberté rationnelle, de l'action de travailler, définissant celle-ci à l'encontre des cloisonnements utilitaires que l'économie et la société, lorsqu'elles sont déraisonnables, lui imposent.  
Travailler, ce n'est pas seulement être utile, c'est, ou ce devrait, être pleinement, accomplir sa nature d'être libre et raisonnable, serait-on conduit à répondre au sujet ; mais il faut garder présent à l'esprit la difficulté réelle: le travail reste attaché d'abord à une nécessité (naturelle, sociale et même culturelle) qui s'impose durement en entravant le plein développement, l'épanouissement humain du sujet au travail; ce qui faisait dire à Marx que ce n'est qu'au-delà de la sphère de la nécessité, c'est-à-dire si on s'en libère politiquement, que la liberté commence, et donc le travail libre, le travail vraiment humain. C'est le problème que la culture de l'homme doit affronter: satisfaire à la nécessité du travail, celle de gagner sa vie à la sueur de son front, selon l'image biblique, mais, contradictoirement, tout en s'en libérant, du moins en tâchant de le faire. Ce serait PRATIQUER véritablement le travail, DANS LE SENS de la liberté et de la dignité du sujet humain, en convertissant, par un effort politique et culturel, la nécessité du travail, d'abord subie, passivité de la condition humaine, en composante dynamique, stimulante, de notre être, comme développement raisonnable et libre de l'humanité. Travailler véritablement, pour l'homme, c'est, non pas seulement travailler pour vivre, mais, davantage, travailler pour ETRE. 
L'artiste est le travailleur qui se plie d'abord à des règles techniques contraignantes mais réussit pourtant à donner une apparence de liberté à ses oeuvres 
Travailler, est-ce seulement être utile? L'artiste est un exemple éclairant, pour illustrer cette question. On a souvent l'impression que l'art n'est pas un travail nécessaire, alors qu'il est pourtant omniprésent dans la culture. De fait, cette apparence de liberté est un phénomène historiquement récent, comme le rappelle la condition soumise de l'artiste dans le passé, qui travaillait aux ordres d'un mécène par exemple et se rapprochait de l'artisan, encore à la Renaissance. Plus précisément, l'artiste n'est pas seulement soumis socialement et économiquement (cf les impératifs du marketing artistique de nos jours) il est le travailleur qui se plie d'abord à des règles techniques contraignantes (ex. on ne sculpte pas le marbre n'importe comment), mais réussit pourtant à donner une apparence de liberté à ses oeuvres; on parle alors de création. C'est peut-être que l'artiste apprivoise la nécessité; plus exactement, comme l'explique Alain, il OBSERVE la nécessité structurale de la matière qu'il travaille (Michel Ange passait de longs moments à contempler des blocs de marbre), pour en dégager peu à peu l'oeuvre en s'inspirant-s'appuyant sur cette nécessité d'abord si stricte pour en dégager une figure matérielle de l'imagination, l'idée n'étant pas d'abord en projet mais lui venant ensuite, en faisant, comme dit Alain, en travaillant la matière. Conversion de la nécessité matérielle (et sociale, par ex. dans les oeuvres de commande) en liberté créatrice ; c'est cela, proprement, le génie: la nature donnant ses règles à l'art, selon la formule de Kant, dont Alain fut un lecteur attentif. D'où l'apparence de gratuité de l'art, alors qu'il répond à une nécessité ( matérielle, sociale, culturelle, métaphysique aussi, sans doute) stricte, mais que l'artiste travailleur réussit à transformer en liberté; il n'est pas surprenant, alors, que le travail de l'art passe pour le plus épanouissant, tout en paraissant le moins utile à tort. 
Autre exemple, l'exercice de la dissertation philosophique, pour lequel, contradictoirement en apparence, on demande à l'élève de se plier à des règles logiques d'analyse, et à la lecture des oeuvres des grands philosophes, "qui font autorité", tout en exigeant qu'il fasse preuve de liberté d'esprit et de pensée. C'est que le travail philosophique, comme l'art, consiste à suivre d'abord les nécessités de la pensée cohérente et attentive aux lois du réel, mais pour ensuite ouvrir le libre questionnement, par lequel seul LE SENS de la nécessité advient, et peut-être sa vérité. 
La philosphie aide à prendre la mesure de la nécessite des choses 

Il n'est pas surprenant que travailler à l'exercice de la dissertation philosophique ne paraisse pas utile, et semble encore moins rendre utiles ceux qui se livrent à ce travail, parce qu'on ne voit pas l'intérêt de réfléchir à des thèmes réputés abstraits, dans un exercice scolaire et formel, voire purement rhétorique, alors qu'un devoir d'économie, par exemple, paraît avoir un contenu plus réel et, partant, être plus effectivement formateur pour les élèves, de futurs économistes (ou financiers ...) étant a priori plus utiles que des étudiants de philosophie. 

Or, l'utilité, la vraie, n'est connue que si on sait d'abord ce qui est nécessaire, dans l'ordre des besoins et des désirs humains. Il se pourrait alors que l'exercice philosophique, sans être, certes, d'utilité immédiate et directe, sur le plan matériel et social, soit néanmoins de première nécessité, sur le plan de la pensée, parce qu'il apprend à s'interroger sur ce qui est réellement nécessaire, à partir de l'ordre objectif des choses et de la pensée. La philosophie aide à prendre la mesure de la nécessité des choses, par la recherche de leurs lois, la compréhension de leur sens et l'effort de saisir leur vérité; aussi, Platon appelait-il le principe suprême de toute réalité le Bien, de la connaissance duquel découle la véritable utilité pour les hommes, sans laquelle ils demeurent prisonniers des apparences et ne recherchent que de faux biens. 
Mieux que de rendre "utile" (en quel sens? réellement?) celui qui s'y livre, travailler à l'interrogation philosophique serait essentiel afin d'être plus proche du vrai réel, d'être davantage libre, et de mieux vivre, tout comme l'art, quoique sans utilité immédiate et pratique, contribue à donner du sens au monde, en l'enchantant par la beauté des oeuvres qu'il crée.  
Le corrigé proposé n'est qu'une indication succincte d'un traitement possible, précise Martin Pham. Et d'autres traitements, différents ou mêmes opposés, seraient tout aussi envisageables. Le principal est d'avoir fourni une analyse personnelle, sensée et cohérente, du sujet qu'on a choisi, puisque la philosophie n'est autre que l'exercice rationnel de la liberté de penser par soi-même, avant tout.