dimanche 8 juillet 2012

Binome d'apprentissage jeune senior

Chez ce fabricant de verre de banlieue parisienne, quand un senior approche de la retraite il s'associe à un jeune pour préserver et transmettre les compétences de l'entreprise, un tutorat qui a inspiré le "contrat de génération" que le gouvernement veut mettre en place.

Ce projet de François Hollande, destiné à lutter contre le chômage des jeunes et à maintenir les seniors dans l'emploi, sera discuté lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet à Paris.
SAV, une petite entreprise de 26 salariés installée dans une impasse de Joinville-le-Pont, produit des pièces uniques en verre, chauffées à très haute température pour des laboratoires. Le tutorat, "on le fait d'instinct, par obligation", explique le patron Jean-Luc Beutler, entré comme souffleur de verre il y a 36 ans.

Depuis novembre, il a embauché en CDI Isabelle, 25 ans, pour travailler avec Jacques, graveur, 60 ans en septembre, et en retraite à la fin juillet.

Remplacer un senior, c'est "pérenniser l'entreprise", souligne M. Beutler. Cela permet aussi "de soulager un peu l'un, et au plus jeune de progresser plus rapidement", ajoute-t-il. Entre la jeune femme et son "père graveur", comme elle l'appelle, la complicité est éclatante. Isabelle manipule l'acide "avec confiance". "Elle a appris vite, on a fait un bon chemin ensemble", dit son tuteur.

Chez Pyroalliance, une PME de 120 personnes spécialisée dans le domaine spatial et l'aéronautique, à Toulon et aux Mureaux, "on nomme toujours un tuteur" quand un nouveau arrive. "On est dans des métiers de niche. Les formations externes collent rarement à nos besoins. Alors on forme en interne", raconte Patrick Auzende, le DRH.


 Transmettre les savoirs est le premier objectif des entreprises qui pratiquent le tutorat, observe l'universitaire Gwenaëlle Poilpot-Rocaboy. Il peut aussi s'agir d'"intégrer" ou encore de "mieux faire travailler ensemble les générations". En Bretagne, où elle a mené une enquête sur les plans seniors, une entreprise sur quatre a inscrit dans son plan un engagement de tutorat.

Pour Florence Hunot, du cabinet RH OasYs, le tutorat peut aussi être le moyen de redynamiser les seniors en les "valorisant", "leur redonner une utilité alors que beaucoup d'entreprises ne leur proposent pas d'évolution de carrière".

Mais gérer les âges et transmettre les compétences "est compliqué dans les PME", note-t-elle.
Le patron de SAV explique pourquoi: "on ne peut pas doubler les postes. Si on met quelqu'un en formation, l'atelier ne tourne plus". Embaucher Isabelle en contrat de professionnalisation est un sacrifice. "Deux salaires sur ce poste pendant un an, ce n'est pas rentable" même si le coût de la formation est remboursé à SAV par Opcalia, l'un des collecteurs des contributions obligatoires des entreprises, précise-t-il.

Pour populariser le "contrat de génération", le gouvernement promet des allègements de charges. Malgré cela, le projet "aura du mal à passer l'examen de la réalité", parce que "trop compliqué", prédit Jean-René Boidron, dirigeant d'une PME de 200 salariés.

"Le cas d'un senior qui transmet son métier à un jeune ne sera pas le plus fréquent", souligne de son côté Michel Pottier (CGPME) pour qui "le renouvellement générationnel ne se fera pas poste par poste".

Le patronat des petites et moyennes entreprises demandera à la Conférence sociale que le futur contrat soit "couplé" avec les dispositifs en alternance existants (contrat de professionnalisation et apprentissage). "Sans formation adossée", le projet n'aurait "pas d'intérêt", insiste la CGPME.
                                                             
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Rappelons, pour suivre pas à pas les progrès de l'apprentissage, l'utilité du Bilan de compétences continu, proposé par le site www.cvscore.com

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