lundi 8 février 2010

Expos Boltanski : pourquoi boire du vin, c'est tuer la bouteille ?

Brr, je ne me fais pas à l'idée d'aller visiter les expositions de Christian Boltanski, au Grand Palais ou au MAC/VAL.
Déjà, je n'aime pas trop aller au cimetière le Jour des Morts et faire revenir les fantômes des êtres que l'on a chéris.

La publicité dans le Métro me rappelle à l'ordre : "il faut y aller pour préparer son séjour au royaume des morts". J'avais mal compris : il ne s'agit pas des autres déjà mort, il s'agit de s'imaginer soi-même mort. Est-ce que Boltanski évoque les 2 500 000 personnes qui, inscrites à pôle Emploi, sont "mortes de non emploi", il ne semble pas. Si j'étais une de ces personnes au chômage, est-ce que j'aurai envie qu'un ectoplasme me demande "Dis moi, comment t'a-t-on licencié ? As-tu beaucoup souffert", je ne sais pas. Des fois, c'est bien de parler. Mais parler dans le vide, n'est-ce pas encore plus angoissant ?

Je poursuis ma lecture de Métro, et suis interpellé par cette formule "J'aime l'idée que voir une œuvre, c'est lui enlever un peu de vie : une bonne bouteille de vin, n'existe pas tant qu'elle n'est pas ouverte et une fois bue, elle n'est plus rien". Obsédé, je transcris "utiliser un salarié, c'est lui enlever un peu de vie, une fois bu, le salarié n'est plus rien". Intéressant : c'est ça le discours de l'art contemporain ?

Bref, le soir, à la maison, accueillant des amis, j'ai à ouvrir une bouteille de bon vin. Je me sens piteux "Ah, ma gaillarde, je vais te réduire à zéro, c'est Boltanski qui te le dit". Mais, de façon surprenante, voila que les arômes du vin m'emplissent le nez, la bouche, submergent mes sens, bouleversent mes souvenirs de visite de caves. Je m'imagine vigne aimantée par la lune, dorée par le soleil, baignée par la pluie. Je vis, je vis. Oh, oh, bonne bouteille, tu vivras éternellement en moi, et en mes amis d'agapes.

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