Quelques éléments de méthode
Une dissertation est l'exposition convaincante d'une série d'arguments aboutissant à une ou plusieurs idées originales ou novatrices.
Les arguments mettent en valeur des « matières » qui réciproquement prouvent le bien-fondé de ces arguments. La mise en valeur des matières consiste à les identifier par des caractéristiques incontestables.
La mise en valeur, en littérature, se fait par la sélection de phrases, de mots, de rythmes, de structures.. Ce sont les citations.
Les caractéristiques viennent de connaissances qui apportent des concepts généraux. Par exemple, le Romantisme se caractérise par l'hyperbole : « le grand n'est grand qu'avec la vue du plus petit », par ex . : l’edelweiss se cueille sur les plus hauts sommets.
Une dissertation, étant une argumentation, doit se concevoir comme une démarche logique : si A=B, avec B=C, donc A=C
Ce qui est difficile, est l'identification de A, B et C.
A est le Sujet, qui au terme de la dissertation apparaît comme A = C. Autrement dit, par son identité avec C, A été enrichi, ou transformé. « Sujet » est synonyme de « passivité ». Sujet vient du mot « assujettir » . Cf. l'expression « les sujets du Roi ».
Le moteur de l'argumentation réside donc dans le terme B. Présent dans A, il possède une dynamique propre. La mission de la dissertation est d'identifier cette dynamique de B, et montrer comment elle s'exprime en A. B sera qualifié d'Objet car il se définit comme Objet d'une action. Cet Objet est actif car il est le support de l'action. Par exemple, dans l'expression « Je lis un livre », l'Objet « livre » autorise l'action de « lire » et donc révèle au « Je » le potentiel d'action de la lecture. Ainsi l' Objet « conte philosophique » (Candide de Voltaire) a révélé aux lecteurs du 18ème (aux Sujets) qu'une réflexion philosophique était possible hors des argumentations de type scolastique.
Le Sujet, étant passif, est en situation de problème, et attend une résolution de ses problèmes. Il est en quête d'Objets qui lui apporteront une solution.
L'expression « analyser le Sujet » est inexacte et trompeuse. La première action à faire par rapport à un sujet est de formuler les problèmes qu'il se pose, les problèmes qui le maintiennent dans son « assujettissement ».
Le début d'une dissertation est la mise en situation du sujet par rapport aux problèmes dans lesquels il est « pris ». Puis, le rédacteur va amener des Objets apportant un potentiel d'action, et avec la capacité d'action, des solutions possibles. Ce potentiel d'action de l'Objet, sera formulé comme C. La formulation logique devient :
Soit Sujet A possédant un Objet B / Je reçois « Candide » en cadeau
Avec Objet B = Potentiel d'action C / « Candide » initie aux questions de la philosophie
Donc Sujet A = Capacité d'action C / Je m'initie avec Candide aux questions de la philosophie.
Dans une dissertation, il s'agit de fournir au Sujet de multiples Objets dans une progression amenant une Liberté d'action de plus en plus grande. Nous noterons ainsi : B1, B2, B3, et C1, C2, C3..
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Appliquons ce cadre logique à une dissertation d'une élève de Lycée.
Dans le premier jet du texte, le lecteur ne voit pas « Qui est le sujet » ? Qui est en situation de problème ? Est-ce le roman ? Sont-ce les romanciers ? Sont-ce les critiques qui doivent évaluer les romans par rapport aux autres moyens de divertissement ? Est-ce enfin le théâtre qui est en concurrence avec le roman ? Si je n'ai pas de Sujet, je ne suis pas capable de produire un avis.
Nous allons dans le texte à la recherche de formulation de problèmes. Nous trouvons une question explicite :
« nous pouvons nous demander si divertir est la seule fonction du roman ? »
Nous repèrons aussi des questions implicites par des réponses :
« Le roman peut donc sous différentes manière dénoncer, instruire et aussi informer. Grâce à celui-ci, tout en lisant, on apprend. Cependant, il y a aussi d'autres moyens de se divertir. »
Voici ces questions implicites :
le roman n'est-il que le seul moyen de se divertir ? Quels sont les autres moyens ?
Le roman peut-il, en dehors du divertissement, dénoncer, instruire et informer ?
Le Sujet apparaît ici sous la figure d'une personne de notre époque qui évalue les diverses possibilités offertes par les différentes créations culturelles. La première de ces possibilités est le divertissement. Cependant, le Sujet constate que le roman occupe une place particulière. Plus que dans les autres genres, il y aurait ce paradoxe : plus il y a de fiction, plus il y a d'imaginaire, plus il y a une richesse de confrontation avec la réalité. Comment s'expliquer ce paradoxe ? Quels moyens utiliserait le roman pour, au sein de l'imaginaire, analyser en finesse la réalité de son époque ?
Cette mise en situation du Sujet et des problèmes qu'il se pose fournit le contenu de l'introduction.
1ère partie : les divertissements et la question du roman
Il y a différent moyens de se divertir : le théâtre, la bande dessinée, le cinéma.
A travers le théâtre comme Le malade imaginaire de Molière ; . le héros est ridicule mais attendrissant au fur et à mesure. Les personnages se moquent de lui, mais nous ferions de même avec un hypocondriaque. La médecine de l'époque est très fortement critiquée, un coup de maître de Molière. cette dernière pièce de Molière est une merveille, ne serait-ce que dans les jeux de mots ou dans l'attitude d'Argan. Celui-ci, se croyant fort malade, fait souffrir toute sa famille jusqu'à ce que son frère (symboliquement Molière) intervienne. Il va faire une critique plus sérieuse sur les médecins et persuader Argan de devenir lui-même un médecin ! La pièce finit donc sur une énorme farce, où toute la communauté médicale est tournée en dérision. Cette pièce demeure rafraîchissante, drôle et caustique.
Mais encore, la BD comme Astérix ; Fascinant et poignant. Voilà qui définit parfaitement Astérix, c'est BD est épique. Et les scènes d'action ne manque pas .. Le tout est imprégné d'une atmosphère pénétrante et fascinante ou se mêle amour, magie et trahison.
Et enfin, le cinéma comme Shreck de , ce film est vraiment hilarant. C'est un film bien plus recherché qu'il en a l'air, il grouille de référence, c'est ça qui lui donne un peu de profondeur et " d'intellectualité.". Il s'y trouve une couche de gags et de trouvailles irrésistibles. Drôle et rythmé de bout en bout, ce film plus animé que jamais est une friandise pour les petits et un plat de résistance active pour les adultes qui auront conservé une âme d'enfant. Que d'humour et de références, avec autant de finesse. Avec des personnages secondaires vraiment attachants aux personnalités très originales et drôles.
Le roman également divertit. Il est connu pour cela. Souvent les romanciers disent que divertir le lecteur est un des objectifs premiers du roman qu'ils ont écrit. Il raconte une histoire dans le but de distraire, en éloignant le lecteur du réel, en lui permettant d'échapper à son quotidien, en l'amusant. Avant, à cause du divertissement qu'il apportait, il était considéré comme un sous-genre de la littérature.
Il acquit ses lettres de noblesse dès le début du XIXème siècle, en partie grâce à de grands romanciers tels Balzac, Flaubert ou encore Stendhal. Comment ce genre s'est-il peu à peu imposé face aux différents genre littéraires ? Pourquoi, encore de nos jours, s'impose-t-il autant ? En divertissant avec une fiction, comment le roman remplit également d'autres fonctions qui caractérisent l'art : nous informer, nous faire passer des idées pour nous faire réagir, nous faire dénoncer des scandales, nous instruire ?
Il nous faut caractériser la façon dont le roman nous divertit pour comprendre la force de la fiction romanesque. Dans « divertissement », on entend le mot « divers ». Dans un premier temps, nous analyserons ce qui caractérise le « divers » du roman comme capacité à informer, sensibiliser, instruire. Dans un second temps, nous examinerons sa puissance d'analyse de la réalité.
2ème partie : de quel « divers est le roman ?
Le roman nous divertit, par la sortie de la banalité du quotidien, par la rêverie sur des choses irréelles, par exemple à travers la sciences fiction comme Je suis une légende de Nathalie Serval. Chaque jour, l'homme doit organiser son existence solitaire dans une cité abandonnée, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil.. Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa maison, cherche refuge contre de nombreux visages familiers de ses anciens voisins ou même de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce à présent légendaire. Ce roman est rempli phénomène irréels comme les vampires et ce fameux virus, des choses qui ne pourraient jamais se produire dans notre réalité mais qui poussent nos pensées hors de nos limites.
Mais aussi, le roman est une recherche de cet au-delà de la réalité qu'est l'amour. A travers des romans d'amour comme Le Rouge et le Noir de Standhal, les tourments de l'amour montrent une époque où chacun se cherche réellement se trouver. C'est surtout lors de la seconde la vie du héros à Paris comme secrétaire de monsieur de La Mole, lors de son déchirement entre ambitions et sentiments qui nous apprécier ce roman. L'exaltation du sentiments amoureux mais aussi les conséquences des sentiments amoureux qui peuvent nous mener à la mort. Il nous divertit, au sens de « divergence ». Le roman nous fait diverger de cette route qu'est cette banalité de l'amour qui se résume toujours aux mariages et aux nombreux enfants issus de celui-ci.
A travers des romans policiers, tel que Mort le Nil de Agatha Christie. Le roman est basé sur le crime, mais aussi sur la soif de l'argent, le jeu de la comédie : la trahison, La tactique de Poirot et enfin l'amour. En lisant le roman, que d'intrigues, de choses qui se passent qui font partir le lecteur dans un autre monde. Les monstres, les criminels, les êtres dont l’intérêt même est de faire exception, ont l’avantage, non seulement d’être prétexte à des histoires hors du commun et de nous faire frémir à l’idée d’une telle éventualité, mais aussi de nous rappeler qu’il existe dans notre âme des replis inexplorés, des pulsions restées au stade du subconscient qui, grâce à la lecture, se révèlent à notre regard plus clairement, plus profondément.
Remarquons que le divertissement comme route vers le futur et vers les passions amoureuses, financières, inconscientes est provoqué par la construction d'une réalité seconde aussi forte que notre réalité quotidienne.
Regardons-nous lorsque nous refermons le roman : nous nous réveillons à proprement parler, nous nous frottons les yeux, nous nous étirons, nous nous ébrouons : nous sentons nettement qu’en revenant à la réalité, l’âme des personnages nous a quittés ; et, si le livre nous a plu, nous regrettons cet état de griserie.
3ème partie : Les différentes réalités construites dans les romans
A partir du moment où le roman crée, grâce à la fiction, une autre réalité, il y un mécanisme de comparaison entre la réalité de la fiction et la réalité que nous vivons. Cet mécanisme de comparaison, au premier degré, nous instruit de nouveaux possibles, et à un second dégré nous informe et sensibilise à un danger.
Tel que Pantagruel de Rabelais, le roman nous instruit en s’appuiant sur de nombreux domaines comme le littéraire et la science. Nous pouvons remarquer une brève référence au domaine artistique avec la musique mais cela n’est pas le plus important pour Rabelais. Rabelais exprime son éducation idéale à travers ce récit. Il démontre que l’idéal social, moral et religieux sont complémentaires de l’idéal intellectuel. Ce livre nous instruit de la totalité de la vie, en prenant le bon comme le mauvais côté.
Comme nous le montre Germinal de Zola Il nous informe sur le monde des mineurs, de leurs conditions de vie, de celles de leurs familles. On imagine sans peine la répression des grèves. Il informe également sur les mauvaises conditions de travail, les mauvais traitements et pour faire crédit les moyens ignobles qu'exigent les patrons des boutiques. Période de famine, décès dans les mines,.. à nous, descendants de ces personnes, Un ouvrage qui nous fait ressentir à quel point la vie était difficile.
Enfin, le roman peut aussi dénoncer, comme par exemple La ferme des animaux de Georges Orwell qui décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent puis prennent le pouvoir et chassent les hommes.
La mise en scène d'animaux est une technique vraiment intéressante et c'est presque un conte qu'Orwell a écrit. Comment ne pas se prendre d'affection pour tout ses animaux ? L'utilisation d'animaux par l'auteur, par l'émotion qu'elle crée est une excellente idée et le conte un excellent moyen de faire passer un message.
Petit à petit dans l'organisation sociale devient une dictature. Ce livre est évidemment une critique du système totalitaire russe instauré par Staline suite aux révolutions de 1917. Sans entrer dans des considérations historiques approfondies, chaque animal fait référence à un personnage de l'histoire de cette période. A travers sa fable, Orwell - qui était fondamentalement opposé au système soviétique - dénonce notamment le culte de la personnalité de Napoléon, un cochon qui dirigera assez vite La Ferme. Le culte de la personnalité se retrouvant de manière prépondérante dans le régime stalinien - et dans nombre de régimes dictatoriaux et fascistes.
Conclusion
A rédiger selon le nouveau plan...
Conseils pour le plan détaillé et la rédaction
La rédaction de la dissertation.
Lors de la rédaction s'exprimer à la troisième personne du singulier ou à la première personne du pluriel, afin de donner un caractère général au propos. Ne pas mêler l’emploi du pronom indéfini « on » à celui du pronom « nous ». Exclure l’emploi de la 1ère personne.
Composer un paragraphe
Le paragraphe constitue l’unité de base du plan, il en est également l’unité de sens, puisqu’il détermine la progression de l’analyse au travers de la présentation des arguments successifs.
Sa longueur moyenne est de dix à douze lignes, et il se compose des éléments suivants :
- « l' idée » qui est un argument de la thèse défendue
- l' argumentation qui justifie l’idée-argument en développant sa logique (A=B, B=C, donc A=C)
- un ou deux exemples précis, illustrant l’argumentation proposée.
Planifier la présentation des arguments
- Le plan analytique
Ce plan organise les arguments selon la progression suivante :
Constat ou description d’une situation (A)
Analyse des causes ( A= B1 + B2 + B3 + B4 )
Analyse des conséquences ( B1 = C1 + B2 = C2 + B3 = C3 + B4 = C4 )
Proposition de solutions.
Donc ( A1 = C1 + A2 = C2 + A3 = C3 + A4 = C4 )
- Le plan thématique
A1=B1 avec B1=C1 donc A1=C1
DONC C1=A2 A2=B2 et B2=C2 donc A2=C2
DONC C2=A3, etc..
- Le plan dialectique
Thèse A=B1,B2,B3, … avec B1,B2,B3 = C1,C2,C3 … donc A= C1, C2, C3
Anti Thèse A=B4,B5,B6, … avec B4,B5,B6 = C4, C5, C6 … donc A= C4, C5, C6
Synthèse où A = C1, C2, C3 + C4, C5, C6 avec B = B7, B8 et B7, B8 = C7, C8
DONC : A = C1, C2, C3 + C4, C5, C6 + C7, C8
La « synthèse », phase délicate de la démarche, n'est surtout pas un compromis entre la thèse et l’antithèse : elle vise à dépasser l’opposition apparente selon une perspective plus large. L'analyse logique montre que la composition en trois étapes Thèse / Antithèse / Synthèse revient à animer l'exposé des arguments selon la mise en scène d'un dialogue entre deux protagonistes, afin de valoriser les deux derniers arguments C7 et C8.
Pour construire les arguments de synthèse, il faut identifier le point de vue commun (les présupposés communs ) à la thèse et l'antithèse pour introduire un pont de vue alternatif et plus analytique ; par exemple si thèse et antithèse ont en commun l'idée que le changement dans un genre est lié à l'époque, la synthèse amènera l'idée d'une autonomie de ces changements dans une même époque, autonomie visible dans les différences entre pays. Approfondissement de la réflexion, elle prend la forme d’une nouvelle thèse qui intègre les arguments exposés dans la thèse et l'antithèse.
Attention ce plan, efficace quand l'argumentation est solide, devient fragile quand les arguments d'une thèse semblent de qualité moindre que les arguments de la thèse opposée.
D’une façon générale, dans la dissertation littéraire, les plans en trois parties permettent de construire une réflexion dynamique et convaincante parce qu'équilibrée (figure du triangle).
Insérer un exemple et/ou une citation
L’exemple ne se limite pas à une simple allusion au texte : il doit s’accompagner d’un développement explicitant ses liens avec l’argumentation.
La citation valorise votre copie à condition d’être exacte.
Les transitions
Les phrases de transition relient entre elles les grandes parties du plan. Leur fonction est double : conclure la partie qui s’achève, introduire la partie consécutive.
La première phrase énonçe explicitement l’idée directrice du développement qui suit.La transition peut être isolée dans un paragraphe autonome ou bien s’intégrer à la partie qu’elle clôt.
Introduire et conclure
- L’introduction
- une phrase situant le sujet dans un thème plus général, une réflexion historique ou Littéraire : elle aiguise l’intérêt du lecteur
- la citation du sujet, reformulée si la phrase est longue,
- et la présentation de la problématique, sous forme de question
- La conclusion
Détachée de la dernière partie, elle ne prolonge pas le développement. Elle comporte deux ou trois étapes, en fonction du sujet :
- un bilan, récapitulant l’essentiel de ce à quoi on a abouti dans l’argumentation ;
- une réponse claire à la question posée, si le sujet sollicitait votre point de vue ;
- un élargissement de la réflexion.
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