Présentation de l’exposition
Maurice Renoma « Chine » au Ballon Rouge
La Chine n’existe pas encore, pas toute.
Maurice Renoma pourrait photographier des grattes ciels élancés, des
centres commerciaux lumineux, des TGV puissants, des embouteillages qui
rendent jaloux, mais cela n’aboutirait qu’à des images d’apparence. Il
faudrait y ajouter les contrastes du décor traditionnel : les vieux
immeubles, les petits commerces, les vélos, les scooters. Et bien sûr il
faudrait montrer les chinois, marchant, s’attroupant, dansant, passant
le temps. Les images de la Chine seraient alors un peu plus réelles.
Maurice Renoma nous les donne. Mais il manquerait la part nécessaire à
ce qui est essentiel dans le changement : la mémoire du passé qui nous
guide dans l’avenir. Alors d’autres images sont nécessaires.
L’essentiel nous arrive comme arrive un accident. Nous sommes en route,
dans une ruelle étroite à la longue perspective, ou dans une voie de
maisons démolies. Nous cherchons des signes pour nous guider :
seraient-ce des accumulations d’objets à décompter, des portes à ouvrir,
des linges à déchiffrer, des lumières éblouissantes, un homme dégustant
ses nouilles ?
Tout à coup, si nous suivons une diagonale ou une horizontale, si nous
nous immergeons dans les dynamiques du regard, l’hétérogène se rassemble
dans une unité. Des lignes fortes structurent le divers des formes et
des couleurs, révèlent les rythmes. Dans ces assemblages de pauvres
objets, vêtements, routes, habitations se révèlent des messages qui
indiquent le chemin de la Chine. Ces images, dans la révélation de la
Voie, deviennent des peintures. Maurice Renoma est un grand peintre.
Francis Raphaël Jacq
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