Les années 1910 et 1920 sont décisives pour Mondrian. La confrontation au cubisme précipite la genèse de son abstraction.
On voit Mondrian alléger de toile en toile le cubisme qu'il reçoit de Picasso et de Braque, épurer par la formalisation graphique les références au monde corporel jusqu'à n'utiliser que quelques signes en deux ou trois traits noirs. Puis ces traits se disjoignent. Ne demeurent que des segments flottants parmi des touches d'ocre ou de gris obliques ou horizontales. A leur tour, celles-ci perdent de leur densité, mincissent, se rangent en quadrilatères légèrement irréguliers, puis en carrés.
Vers 1920, les premières grilles de lignes se coupent à angles droits, structurant des carrés et des rectangles monochromes de rouge, jaune ou bleu.
Ayant défini une grammaire picturale, dénommée néoplasticisme, Mondrian ne l'applique pas à la façon d'un système définitif. Il la développe selon un jeu des variations. Il la pousse à l'extrême du minimal - à peine un triangle de couleur et deux lignes se croisant. Ou l'attire vers des constructions complexes où les lignes ne vont pas jusqu'au bord de la toile, suggérant l'interruption et le vide, alors que les couleurs passent par des nuances d'intensité presque imperceptibles - mais réelles.
Passionné par la religion et l'ésotérisme théosophique, Mondrian a de son art une conception idéaliste. L'œuvre doit être une perfection réalisée, perfection visuelle et conceptuelle. Chaque toile est une expérience dont les enjeux seraient " l'équilibre", "l'harmonie" et "l'espace". Sa peinture, comme son atelier de la rue du Départ, sont des zones de silence céleste et de pleine clarté.
Composition 1920 - Mondrian
Détail de la construction de cette œuvre de Mondrian :
Soit le carré ABCD ; on considère le segment EF parallèle à deux côtés, qui divise le carré suivant la section doré. EF coupe la diagonale AC au point S. S divise aussi, par construction, EF et AC suivant la section dorée (Théorème de Thalès) : SA/SC=SE/SF=(1+SQR(5)/2)=1.618
Puis Mondrian construit un second carré A'B'C'D', de côté égal à SA, et divise ce carré en section dorée de façon analogue au premier carré ABCD.
Enfin il fait glisser ce carré A'B'C'D' de manière que la diagonale D'B' vienne se superposer au segment EF, les points S des deux carrés venant en coïncidence. Le segment E'F' se superpose lui-même à la diagonale AC.
Les épaisseurs des traits dans le petit carré sont dans le rapport 3, 4, 5.
Source Kandaki.com